Les légendes autour de saint Nicolas


Nul historien n’a omis de rapporter la légende des matelots qui étaient à deux doigts de périr par la violence d’une tempête et qui, ayant imploré saint Nicolas, le trouvèrent à l’heure même dans leur vaisseau leur disant : « Me voici, je viens à votre aide ». Aussitôt il prend le gouvernail et se met à conduire le navire. Il commande à la mer et il en apaise les flots ; et, par ce moyen, il les mène jusqu’au port de Myre, où il disparut. Dès qu’ils furent débarqués, ils allèrent à l’église pour le remercier d’une si grande faveur, et l’aperçurent au milieu de ses clercs. Ils se jetèrent à ses pieds, lui firent le récit de ce qui s’était passé et lui en témoignèrent leur reconnaissance. Le Saint leur fit connaître que ce péril leur était arrivé pour quelques péchés secrets dont ils devaient se corriger et faire pénitence.
Ayant eu la révélation de sa mort prochaine, il dit adieu à son peuple dans une messe pontificale, puis se retira dans le monastère de la Sainte-Sion dont il avait été fait abbé. Ce fut là qu’une petite fièvre l’ayant saisi, il se fit administrer les sacrements et s’éteignit le 6 décembre 343. Il fut enseveli dans une tombe de marbre ; et de sa tête se mit à couler une source d’huile apportant la santé à bien des malades, et de ses pieds une source d’eau. Cette huile cessa de couler lorsque le successeur de saint Nicolas se vit chassé de son siège par des envieux. Mais dès que l’évêque fut réinstallé sur son siège, l’huile se remit aussitôt à couler. Longtemps après, les Turcs détruisirent la ville de Myre. Et comme quarante-sept soldats de la ville de Bari passaient par là, quatre moines leur ouvrirent la tombe de saint Nicolas : ils prirent ses os, qui nageaient dans l’huile, et les transportèrent dans la ville de Bari, en l’an 1087.

Saint Nicolas est le patron des écoliers et petits garçons, des bateliers, pêcheurs, marins et mariniers, déchireurs de bateaux et débardeurs, voyageurs et pèlerins, brasseurs, tonneliers, ciriers, mal jugés.

On peut citer deux autres miracles accomplis par le Saint. Un noble avait prié saint Nicolas de lui faire obtenir un fils, promettant qu’en récompense il se rendrait avec son fils au tombeau du saint et lui offrirait un vase d’or. Le noble obtient un fils et fait faire un vase d’or. Mais ce vase lui plaît tant qu’il le garde pour lui-même et, pour le Saint, en fait faire un autre d’égale valeur. Puis il s’embarque avec son fils pour se rendre au tombeau du saint. En route le père ordonne à son fils d’aller lui prendre de l’eau dans le vase qui d’abord avait été destiné à saint Nicolas. Aussitôt le fils tombe dans la rivière et se noie. Mais le père, malgré toute sa douleur, n’en poursuit pas moins son voyage. Parvenu dans l’église de saint Nicolas, il pose sur l’autel le second vase ; au même instant une main invisible le repousse avec le vase, et le jette à terre : l’homme se relève, s’approche de nouveau de l’autel, est de nouveau renversé. Et voilà qu’apparaît, au grand étonnement de tous, l’enfant qu’on croyait noyé. Il tient en main le premier vase, et raconte que, dès qu’il est tombé à l’eau, saint Nicolas est venu le prendre, et l’a conservé sain et sauf. Sur quoi le père, ravi de joie, offre les deux vases à saint Nicolas.
Un homme riche avait obtenu, grâce à l’intercession de saint Nicolas, un fils qu’il avait appelé Dieudonné. Aussi avait-il construit, en l’honneur du saint, une chapelle dans sa maison, où il célébrait solennellement sa fête tous les ans. Or un jour Dieudonné est pris par la tribu des Agaréniens, et amené en esclavage au roi de cette tribu. L’année suivante, au jour de la Saint-Nicolas, l’enfant, pendant qu’il sert le roi, une coupe précieuse en main, se met à pleurer et à soupirer, en songeant à la douleur de ses parents, et en se rappelant la joie qu’ils éprouvaient naguère à la Saint-Nicolas. Le roi l’oblige à lui confesser la cause de sa tristesse ; puis, l’ayant apprise : « Ton Nicolas aura beau faire, tu resteras ici mon esclave ! » Mais au même instant un vent terrible s’élève, renverse le palais du roi, et emporte l’enfant avec sa coupe, jusqu’au seuil de la chapelle, où ses parents sont en train de célébrer la fête de saint Nicolas. Selon d’autres auteurs, cet enfant aurait été originaire de Normandie, et aurait été ravi par le sultan ; et comme celui-ci, le jour de la Saint-Nicolas, après l’avoir battu, l’avait jeté en prison, voici que l’enfant s’endormit et, à son réveil, se trouva ramené dans la chapelle de ses parents.

ORIGINE DE LA LÉGENDE DES ENFANTS AU SALOIR
Comme les deux seules versions de la complainte des enfants au saloir ont été recueillies aux deux bouts de la Champagne ; qu’il existe dans les Ardennes et aux environs de Reims d’autres cantiques semi-populaires, où le même miracle est relaté sommairement ; et qu’enfin saint Nicolas, patron de la Lorraine, est aussi en grand honneur dans la Champagne, son culte ayant rayonné tout autour du sanctuaire de Saint-Nicolas-de-Port (Meurthe-et-Moselle), qui en est le centre : tout cela porte à assigner à la pièce une origine champenoise. Il ne semble pas, à la tournure du style, qu’on la puisse reculer au delà du XVIIe siècle, et avancé. Une note de Nozot nous apprend que cette complainte fut usitée comme chant de quête aux alentours de Mézières, et que les enfants de chœur l’allaient réciter dans les veillées et les auberges pendant le mois qui précède la Saint-Nicolas (6 décembre) : la coutume s’est perdue vers 1850.

Et voici la légende:
Trois clercs, voyageant pour leurs études et surpris par la nuit, frappent à la porte d’un certain vieillard, à qui ils demandent à loger. Et comme celui-ci fait des difficultés, ils s’adressent à sa femme, non moins vieille, lui promettant qu’en récompense Dieu peut-être bien, lui accordera de mettre au monde un fils. La vieille consent, les clercs sont reçus et couchés. Mais pendant qu’ils dorment, l’hôte se prend à soupeser leurs bourses pleines d’écus et trouve qu’il y aurait là une belle occasion de s’enrichir. A la bonne heure, approuve la femme, coupe-leur donc le col ! . Ce qui est fait.
Là-dessus arrive saint Nicolas, que l’hôte accueille sur sa bonne mine. Il lui offre quantité de plats différents ; mais le saint refuse toujours, il ne veut que de la « chair fraîche ». - Je n’en ai pas. - Voilà un grand mensonge ! Tu en as de toute fraîche, et que tu as saignée pas amour de l’argent. L’hôte et sa femme atterrés se jettent aux pieds du saint. Celui-ci les exhorte au repentir, il se fait apporter les trois corps et prie Dieu de les rappeler à la vie. Les clercs ressuscitent.


Extrait du site La France pitoresque : http://www.france-pittoresque.com/spip.php?article939